Les 150 ans de la Commune : les figures emblématiques du 11e
Actualité
Mise à jour le 15/04/2021
Sommaire
Pour commémorer les 150 ans de la Commune de Paris, la Mairie du 11e vous invite à redécouvrir les figures emblématiques de l’arrondissement.
Le
11e arrondissement populaire et ouvrier, est
alors le plus peuplé de Paris : les Communards y mènent de nombreuses
actions entre mars et mai 1871. Si certains ne se relèvent pas de la Semaine Sanglante, d’autres prolongent le combat politique et social, dans l'arrondissement ou ailleurs.
Charles DELESCLUZE (1809-1871)
Charles Delescluze est l’un des vétérans de la Commune. Militant
républicain, il partage son temps entre la clandestinité, l’exil et la prison.
Libéré du bagne à Cayenne en 1860, il fonde Le Réveil, l’un des
principaux journaux d’opposition à l’Empire. Opposé aux
« capitulards » du gouvernement de la Défense nationale, élu au
conseil de la Commune le 26 mars par les 11e et 19e arrondissements, il abandonne son siège de
député de Paris et appelle à la résistance populaire contre les Versaillais.
Il est abattu au soir du 25 mai sur la barricade de la place du Château
d’Eau, à l’entrée du boulevard Voltaire. Découvert le lendemain, son corps
est jeté dans la fosse commune de Montmartre. Sa dépouille, identifiée, est
transférée au Père-Lachaise en 1883.
En 1924, son nom est attribué à une rue du
11e arrondissement.
Henri MORTIER (1843-1894)
Né
à Paris et domicilié au 15, rue Saint-Ambroise, Henri Mortier est tourneur sur
bois dans un atelier du 11e arrondissement. Militant blanquiste, adhérent
à l’Internationale, il est élu au Comité central de la Garde nationale le 15
mars 1871. Très populaire dans le 11e arrondissement, il arrive en tête lors des
élections du 26 mars au conseil de la Commune, avec 21 186 suffrages sur 25
183 votants. Particulièrement présent à la mairie du 11e arrondissement, c’est lui
qui y assume une bonne partie des tâches d’administration et de gestion. Après
la Semaine Sanglante, il s’enfuit à Londres et est condamné à mort par
contumace. Il rentre à Paris après l’amnistie.
Une
salle de la mairie du 11e porte désormais son nom.
Adolphe ASSI (1841-1886)
D’ascendance
italienne, Adolphe Assi s’engage dans les Chemises rouges de Garibaldi au moment de
l’unité italienne (1848-1870). De retour en France, membre du Comité central de
la Garde nationale, il participe activement à la journée du 18 mars 1871 et est
nommé gouverneur de l’Hôtel de Ville. Lors des élections du 26 mars, il est élu
au Conseil de la Commune par le 11e arrondissement. C’est lui qui proclame la
Commune à l’Hôtel de Ville le 28 mars. Arrêté par les Versaillais le 21
mai, il est condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Il ne profite pas
de l’amnistie et reste en Nouvelle-Calédonie, où il finit sa vie comme
mécanicien.
Eugène PROTOT (1839-1921)
Arrivé
à Paris en 1864, Eugène Protot milite chez les blanquistes et adhère à l’Association
Internationale des Travailleurs. Avocat, il défend les opposants à l’Empire, ce
qui lui vaut la prison à plusieurs reprises. Poursuivi pour
« complot » en 1870, il se cache dans le faubourg Saint-Antoine,
avant d’être de nouveau incarcéré. Libéré, il est élu au Conseil de la Commune
par le 11e et le 17e arrondissement. Délégué à la justice, il
conduit d’importantes réformes en vue de sa démocratisation. Il participe à
la Semaine Sanglante et est blessé sur la barricade de la Fontaine-au-Roi.
Condamné à mort par contumace, il vit exilé, puis rentre en France après
l’amnistie. Le conseil de l’ordre des avocats lui refuse néanmoins sa
réintégration au barreau. Pendant la Commune, il est domicilié au 216,
boulevard Voltaire.
Augustin AVRIAL (1840-1904)
Augustin Avrial est l’un des fondateurs du syndicat des ouvriers mécaniciens. Il adhère en 1869
à l’Internationale, ce qui lui vaut d’être emprisonné en 1870. Élu à la tête du
66e bataillon de la Garde nationale, il fait
marcher ses hommes le 18 mars vers la place de la Bastille, avant d’être élu au
Conseil de la Commune par le 11e arrondissement. Délégué au Travail, à
l’Industrie et à l’Échange, il est à l’initiative de la réquisition des
entreprises abandonnées par leur patron et les transforme en ateliers
coopératifs. Pendant la Semaine Sanglante, il organise la défense de la place
du Château d’Eau. Revenu en France après l’amnistie, il se consacre aux
inventions mécaniques (motocycle à pétrole, modèle de machine à coudre) et
milite au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane. Il a
habité au 15, rue Bréguet et au 51, rue Sedaine, dans le 11e, à deux pas du jardin qui portera son nom,
ainsi que celui de sa femme, Louise Talbot, avec laquelle il forma,
pendant près de 40 ans, un couple militant.
Jean ALLEMANE (1843-1935)
Engagé
dans la lutte syndicale, Jean Allemane est emprisonné sous le Second Empire, en 1862, pour
avoir participé à la première grève des typographes. Caporal de la Garde
nationale pendant le siège de Paris en 1871, il devient l’une des figures les
plus populaires de la Commune. Caché à Belleville, rue Levert, pendant la
Semaine Sanglante, il est arrêté et condamné à la déportation en
Nouvelle-Calédonie en 1872. Sorti du bagne, il fonde en 1891 le Parti Ouvrier
Socialiste Révolutionnaire qui se réclame du socialisme anti-autoritaire, dans
la tradition de la Commune. En 1899, au congrès d’unification socialiste, qui
s’est tenu au gymnase Japy, il suit Jaurès et participe à la fondation de la
SFIO. En 1901, il est élu député du 11e arrondissement, dans le quartier
Folie-Méricourt, face à un antisémite notoire.
Battu par un nationaliste en 1902, il retrouve son siège de député en 1906.
Militant des droits de l’homme et de la démocratie, il soutient Dreyfus et est
l’un des premiers à s’engager avec Jaurès sous la bannière de la défense
républicaine.
Émile EUDES (1843-1888)
Aussi connu sous le nom de général Eudes, Émile Eudes tient
une librairie à Paris. Sous l’Empire, il participe aux activités des groupes
blanquistes : libéré après la révolution du 4 septembre 1870, il s’oppose
alors au gouvernement de la Défense nationale. Le 18 mars, il s’empare de
l’Hôtel de Ville à la tête des gardes nationaux de Belleville. Il est élu le
26 mars au conseil de la Commune par le 11e arrondissement et siège à la Commission
exécutive et à la Commission de la guerre. Il combat sur les
barricades pendant la Semaine Sanglante. Condamné à mort par contumace, il
rentre à Paris après l’amnistie de 1880 et retrouve ses compagnons blanquistes.
Augustin VERDURE (1825-1873)
Instituteur
sous le Second Empire, Augustin Verdure est révoqué pour ses idées républicaines, adhère à
l’Internationale et collabore au journal de Henri Rochefort, La Marseillaise.
Élu au Conseil de la Commune par le 11e arrondissement, il siège à la commission de
l’enseignement. Arrêté pendant la Semaine Sanglante, il
est déporté en Nouvelle-Calédonie où il meurt en 1873. Il
habitait au 8 rue de la Présentation.
Édouard LOCKROY (1838-1913)
Journaliste
et ancien secrétaire d’Enerst Renan, Édouard Simon, dit Lockroy, s’engage
auprès des Garibaldiens, avant d’être élu député de Paris à l’Assemblée
nationale en 1871. En mars, il prend
parti pour la Commune et démissionne de son mandat, ce qui lui vaut d’être arrêté
et incarcéré jusqu’en juin. Une fois libéré, il est élu conseiller municipal
du quartier de la Roquette. Il combat pour l’amnistie aux côtés de
Clemenceau et de Victor Hugo. Député du 11e arrondissement en 1881, il est constamment
réélu jusqu’en 1910. Il est aussi plusieurs fois ministre sous la IIIe République. En tant que ministre
du Commerce et de l’Industrie de 1885 à 1887, il lance notamment le chantier de
l’Exposition universelle de 1889 et soutient le projet de la tour Eiffel contre
ses nombreux opposants. En 1905, il vote pour la loi de séparation des Églises
et de l’État.
Source :
Michel PUZELAT, historien et habitant du 11e.