"La guerre a brisé son projet vital de jeunesse, tout en renforçant, en même temps, sa détermination de lutter contre le fascisme, pour la justice, pour l'égalité et pour les droits fondamentaux. Résistante et survivante des camps de concentration nazis, la grande résistante Neus Català s'est engagée tout au long de sa vie à être le témoin vivant des "oubliées des oubliés", de toutes ces femmes exilées qui ont participé à la Résistance."

Suite au décès de Neus Català en avril dernier, la Mairie de Paris a décidé d’attribuer le nom de cette grande résistante catalane à une allée du 11e arrondissement. Survivante du camp de concentration de Ravensbrück, la Délégation du Gouvernement de Catalogne en France organise le 4 octobre 2019 un hommage en sa mémoire sous le titre : « Regards sur la Retirada, la déportation et les mouvements de femmes résistantes ».

Neus Català est née le 6 octobre 1915 en Catalogne.

Au début de la guerre d’Espagne, Neus entre aux Jeunesses Socialistes Unifiées de Catalogne. En 1937, elle obtient son diplôme d’infirmière et déménage à Barcelone. Lors de la Retirada de 1939, elle franchit les Pyrénées et rejoint ainsi la frontière française avec plus de cent-quatre-vingts enfants orphelins de la colonie Las Acacias de Premià de Dalt, mieux connue sous le nom "Les Enfants de Negrin".

Peu après son arrivée en France, elle s’engage dans la Résistance avec son mari Albert Roger, centralisant des messages, des documents et des armes et abritant des réfugiés politiques. Neus appartient à ce moment là au groupe de résistants "Roland" et est agent de liaison. Ils sont dénoncés puis capturés par les autorités nazies en 1943. Emprisonnée et torturée, elle est déportée en 1944 au camp de Ravensbrück où Neus se voit forcée de travailler pour l'industrie de l'armement dans un Kommando de travail à Holleischen. Là-bas, elle fera partie des « Commandos féminins », un groupe de femmes qui sabotent la fabrication des armes dans l'usine. Ces femmes auraient rendues inutilisables 10 millions de cartouches, ainsi que de nombreuses machines.

De retour en France, elle continue sa lutte clandestine contre Franco et voyage dans de nombreux pays d’Europe dans le cadre du Mouvement pour la Paix. Elle participe également à la direction du journal de la UMAE (Unión de Mujeres Antifascistas Españolas). Dans les années 50, elle sert d’agent de liaison entre le PSUC (Parti Socialiste Unifié de Catalogne) et l’organisation clandestine en Catalogne.

A partir des années 60, elle s’investira également dans de nombreuses associations : Ligue des Droits de l’Homme, Comité pour l’Espagne, syndicat… Elle sera l'une des fondatrices du Comité International de Ravensbrück (1965).

Dès la fin de la guerre, elle avait décidé de travailler pour la mémoire des réfugiées, des résistantes et des déportées. En 1984, elle publiera un ouvrage sur les femmes espagnoles, résistantes et déportées.

La France lui a décerné les médailles de Combattant volontaire de la résistance, la Croix de guerre 39-45, la Croix du combattant, et la Médaille de la Résistance française ainsi que la Médaille des blessés militaires.

En 2005, la Généralité de Catalogne l'a décorée de la Croix de Saint-Georges puis de la Médaille d’or de la Generalitat de Catalogne en 2015. En 2014, c'est au tour de la Mairie de Barcelone de lui décerner la Médaille d’or au mérite civique. Enfin, en février 2019, la Ville du Paris lui a décerné la Médaille Grand Vermeil, plus haute distinction de la capitale.

Neus Català est décédée le 13 avril 2019 à l’âge de 103 ans à Els Guiamets, dans sa Catalogne natale.

A l’occasion du 80^e anniversaire de la Retirada, la Mairie du 11^e a souhaité honorer le parcours de Neus Català, en attribuant son nom au terre-plein du boulevard de Charonne entre l’allée Maria Doriath et l’allée Maya Surduts, à Paris (11^e, 20^e).