Autour de l'histoire et du patrimoine
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Mise à jour le 14/06/2017
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Le 11e, une longue histoire
Le 11e arrondissement a joué un rôle exceptionnel dans l’histoire de Paris et de la France. Depuis ses lointaines origines, il fut au cœur du Paris révolutionnaire et des grandes révoltes ouvrières.
Du Moyen Âge au 18e siècle
Le 11e s’est construit autour de deux faubourgs qui s’étendaient à l’est de Paris : au nord, entre République Bastille, le faubourg du Temple ; au sud, entre Bastille et Nation, le faubourg Saint-Antoine. À l’époque, l’espace est occupé par des jardins, des vergers, des vignes, des prairies. Au 18e siècle, l’essor du faubourg Saint-Antoine est marqué par l’établissement de nombreux artisans, souvent d’origine provinciale ou étrangère. Quartiers de travail, les faubourgs sont aussi des lieux de plaisir. De nombreuses guinguettes s’y installent, dans le Bas-Belleville, en haut de la rue de Charonne, en haut de la rue de Montreuil. Les Parisiens viennent s’y distraire et y boire un petit vin bon marché.
Le faubourg des révolutions
Le peuple des faubourgs a la réputation d’être turbulent et prompt à se révolter. Le 14 juillet 1789, le peuple du faubourg Saint-Antoine est au premier rang des assaillants de la Bastille. Les sans-culottes des faubourgs s’enflamment encore lors des autres journées révolutionnaires, du 10 août 1792 jusqu’aux journées de mai 1795 (Prairial an III). L’esprit révolutionnaire des faubourgs resurgit lors des Trois Glorieuses de juillet 1830, au cours des journées de juin 1848 ou encore lors de la Commune de 1871. Le 11e est l’un des quartiers les plus engagés dans cette insurrection populaire. Il en est aussi l’ultime bastion lors de la Semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871. Tandis que la Commune s’est repliée dans la Mairie du 11e, les dernières barricades résistent aux Versaillais dans le secteur du faubourg du Temple et de la rue de la Fontaine au Roi.
Au 19e siècle, naissance du 11e
C’est en 1860, que le 11e acquiert sa configuration et sa dénomination actuelles. C’est alors que se constitue le tissu urbain, avec ses cours et ses passages où habitat et industrie se mélangent. Le 11e se densifie et la population, faite de nombreux immigrants, croît très rapidement. Il devient l’arrondissement le plus peuplé de Paris. Dans ce tissu urbain dense, Haussmann taille des percées : le boulevard Voltaire, l’avenue de la République, les avenues Parmentier et Ledru-Rollin, le boulevard Richard- Lenoir qui recouvre le canal Saint-Martin.
Le 20e siècle
Au 20e siècle, le 11e est toujours un arrondissement industrieux et populaire. Il est un bastion du mouvement ouvrier et syndical. Durant l’Occupation, l’arrondissement connaît des heures sombres, avec les rafles d’hommes, de femmes et d’enfants juifs, internés au gymnase Japy en 1941 et 1942 avant d’être déportés. En août 1944, le 11e retrouve la tradition des barricades, lors de l’insurrection qui prélude à la Libération de Paris.
Au début du 21e siècle
Dans le sillage de l’Opéra-Bastille, galeries, ateliers, librairies, théâtres viennent s’y installer. Les anciens espaces industriels laissés libres attirent une population, jeune, qui vient y vivre, ou simplement s’y divertir. Le 11e n’en demeure pas moins fidèle à son histoire. Arrondissement le plus dense de Paris, il reste un lieu de mixité sociale et culturelle, et conserve son caractère de quartier d’accueil. Le triangle République Bastille-Nation est toujours le parcours privilégié des grandes manifestations qui perpétuent la tradition démocratique et revendicative des faubourgs. En 2015, le 11e a été la frappé par des terroristes. C’est ce Paris ouvert et fier de sa diversité qui a été pris pour cible et le mode de vie de ses habitants qui a été frappé. Rappelons-nous ces paroles que Victor HUGO a prononcées le 4 septembre 1870 : Paris est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir.
Le 11e, un patrimoine riche
De nombreux monuments de l’arrondissement sont aujourd’hui les témoins et le fruit de l’héritage historique du 11e. Quelques exemples :
La colonne de Juillet
Érigée entre 1835 et 1840, ce monument commémore les trois journées de la révolution de juillet 1830 ayant conduit à la chute de Charles X et du régime de restauration. Sur le fût de la colonne figurent les noms des victimes des journées révolutionnaires de juillet 1830. Son sommet est orné d'une sculpture en bronze doré d'Auguste Dumont : Le Génie de la Liberté. Cette colonne est également construite au-dessus d'une nécropole accueillant les corps de révolutionnaires tombés pendant les journées de juillet.
La barrière du Trône
La barrière du Trône était une barrière d'octroi de l'enceinte des Fermiers généraux installée à proximité de la place de la Nation, ancienne place du Trône. Construite en 1787 sur les plans de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, cette barrière était composée de deux guérites, les pavillons d’octroi, situés de part et d’autre de deux colonnes. Cette barrière devait faciliter et encadrer la perception des taxes sur les activités marchandes dans Paris. Elle avait également pour fonction de célébrer l’entrée royale et pour cette raison ornée de deux colonnes monumentales. En 1845, ces colonnes furent surmontées de deux statues de 3,8 mètres de hauteur : Philippe Auguste sculpté par Auguste Dumont au sud (côté 12e) et Saint Louis par Antoine Étex au nord (côté 11e).
Monument à la République
Ce monument élevé au cœur de l’ancienne place du Château-d'Eau fut inauguré en 1883. Ce n’est qu’en 1889 que cette place sera rebaptisée « Place de la République ». Le pourtour du socle de ce monument sur lequel repose l’allégorie de la République est constitué de douze hauts-reliefs constituant une chronologie d'événements marquant l'histoire de la République Française, entre 1789 et 1880, tels que la prise de la Bastille ou encore la Proclamation de la République. Les sculptures sont l’œuvre de Léopold Morice, le piédestal de son frère Charles.
L’entrée du square de la Roquette
À l’emplacement actuel du square de la Roquette se trouvaient les prisons de la Roquette. Ces établissements pénitentiaires furent ouverts entre 1830 et 1974 avant de laisser place au square de la Roquette. Aujourd’hui, de cette prison ne reste que la grande porte, qui est encore aujourd’hui l’entrée principale de l’actuel square. Une plaque commémorative est également posée sur le flanc gauche de la porte. Elle témoigne de la présence de quatre mille résistantes françaises dans les cellules de la prison pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Le gymnase Japy
Construit en 1870, l’actuel gymnase Japy a d’abord été un marché. Une plaque commémorative sur le bâtiment rappelle qu'il a servi de lieu d'internement des Juifs avant leur déportation lors de la Seconde Guerre mondiale. Trois vagues d’arrestations ont eu lieu les 14 mai 1941, le 20 août 1941 et les 16 et 17 juillet 1942. Hommes, femmes et enfants ont été rassemblés au gymnase Japy avant d’être conduits à Drancy, Pithiviers ou Beaune-la-Rolande, puis vers les camps d’extermination, notamment celui d’Auschwitz.
Le patrimoine cultuel
Dans le cadre de l'engagement pris par la municipalité en faveur du patrimoine cultuel de la capitale, la Ville de Paris, propriétaire de nombreux édifices religieux, consacrera jusqu'en 2020, 80 millions d’euros à l’entretien et à la rénovation de ceux-ci. Plus d’informations ici
Une remise en état de l’horloge de l’église Saint-Ambroise
L'horloge de l'église Saint-Ambroise, visible depuis la rue, fonctionne de nouveau ! Les travaux ont été effectués en juillet 2016 et s’inscrivent dans le cadre d’un projet présenté et approuvé lors du Budget Participatif 2015. Un second projet consistant à mettre en valeur cet édifice via un système d’éclairage a été présenté et plébiscité lors du Budget Participatif 2016.
L’église Sainte-Marguerite, classée monument historique
Située au 36, rue Saint-Bernard, cette église abrite notamment la Chapelle des âmes du Purgatoire, œuvre de l’architecte Victor Louis, dans laquelle se trouvent des peintures en trompe-l’oeil uniques en France, un remarquable tableau du peintre Gabriel Briard et, dans l'église elle-même, des œuvres des 16e, 17e et 18e siècles. Les édifices classés au titre des monuments historiques font l’objet de dispositions particulières en vue de leur conservation, notamment lors d’interventions d’entretien ou de réparation.